1.11.06

Citation Jean-Paul II (21)

Jean-Paul II (21)
Lettre aux familles (2-II-1994), n. 21

Le fait que Jésus, dès sa naissance, ait eu à faire face à des menaces et à des périls semble être d'une éloquence prophétique. Comme Enfant déjà, il est "signe de contradiction". Il y a aussi un signe d'éloquence prophétique dans le drame des enfants innocents de Bethléem, tués sur ordre d'Hérode et devenus, selon l'antique liturgie de l'Eglise, participants de la naissance et de la passion rédemptrice du Christ (50). A travers leur "passion", ils achèvent "ce qui manque aux souffrances du Christ, pour son corps qui est l'Eglise" (Col 1, 24).

Dans l'Evangile de l'enfance, l'annonce de la vie, qui se réalise d'une manière admirable dans l'événement de la naissance du Rédempteur, est donc fortement mise en face de la menace contre la vie, vie qui contient en totalité le mystère de l'Incarnation et de la réalité divine et humaine du Christ. Le Verbe s'est fait chair (cf. Jn 1, 14), Dieu s'est fait homme. Les Pères de l'Eglise rappelaient souvent ce mystère sublime : "Dieu s'est fait homme, afin que nous devenions des dieux" (51). Cette vérité de la foi est en même temps la vérité sur l'être humain. Elle met en lumière la gravité de tout attentat contre la vie de l'enfant dans le sein de sa mère. Ici précisément, nous nous trouvons aux antipodes du "bel amour". En ne cherchant que le plaisir, on peut en venir à tuer l'amour, à en tuer le fruit. Pour la culture du plaisir, le "fruit béni de ton sein" (Lc 1, 42) devient en un sens un "fruit maudit".

Comment ne pas rappeler à ce sujet les déviations que connaît, dans de nombreux pays, ce qu'on appelle l'Etat de droit. La Loi de Dieu à l'égard de la vie humaine est sans équivoque et catégorique. Dieu ordonne : "Tu ne tueras pas" (Ex 20, 13). Aucun législateur humain ne peut donc affirmer : Il t'est permis de tuer, tu as le droit de tuer, tu devrais tuer. Malheureusement, dans l'histoire de notre siècle, cela s'est produit lorsqu'ont accédé au pouvoir, même d'une manière démocratique, des forces politiques qui ont établi des lois contraires au droit de tout homme à la vie, au nom de prétendus, autant qu'aberrants, motifs eugéniques, ethniques ou autres. Il y a un phénomène non moins grave, notamment parce qu'il s'accompagne d'un large assentiment ou consensus de l'opinion publique : celui des législations qui ne respectent pas le droit à la vie dès la conception. Comment pourrait-on accepter moralement des lois qui permettent de tuer l'être humain non encore né mais qui vit déjà dans le sein
maternel ?

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