10.1.07

Citation Jean-Paul II (41)

Jean-Paul II (41)
Encyclique Dives in Misericordia (30-XI-1980), n. 5

Dans l'enseignement du Christ lui-même, cette image, héritée de l'Ancien Testament, se simplifie et en même temps s'approfondit. Cela est peut-être évident surtout dans la parabole de l'enfant prodigue, où l'essence de la miséricorde divine - bien que le mot "miséricorde" ne s'y trouve pas - est exprimée d'une manière particulièrement limpide. Cela vient moins des termes, comme dans les Livres vétéro-testamentaires, que de l'exemple employé, qui permet de mieux comprendre le mystère de la miséricorde, ce drame profond qui se déroule entre l'amour du père et la prodigalité et le péché du fils.

Ce fils, qui reçoit de son Père la part d'héritage qui lui revient et qui abandonne la maison pour tout dépenser dans un pays lointain "en vivant dans l'inconduite", est en un certain sens l'homme de tous les temps, à commencer par celui qui le premier perdit l'héritage de la grâce et de la justice originelle. L'analogie est alors extrêmement large. La parabole touche indirectement chaque rupture de l'alliance d'amour, chaque perte de la grâce, chaque péché. L'infidélité du peuple d'Israël y est moins mise en relief que dans la tradition prophétique, bien que l'exemple de l'enfant prodigue puisse aussi s'y appliquer. Le fils, "quand il eut tout dépensé..., commença à sentir la privation", d'autant plus que survint une grande famine "en cette contrée" où il s'était rendu après avoir abandonné la maison paternelle. Et alors, "il aurait bien voulu avoir de quoi se rassasier", fût-ce "avec les caroubes que mangeaient les porcs" qu'il gardait pour le compte "d'un des habitants de cette contrée". Mais cela même lui était refusé.

L'analogie se déplace clairement vers l'intérieur de l'homme. Le patrimoine reçu de son père consistait en biens matériels, mais plus importante que ces biens était sa dignité de fils dans la maison paternelle. La situation dans laquelle il en était venu à se trouver au moment de la perte de ses biens matériels aurait dû le rendre conscient de la perte de cette dignité. Il n'y avait pas pensé auparavant, quand il avait demandé à son père de lui donner la part d'héritage qui lui revenait pour s'en aller au loin. Et il semble qu'il n'en soit pas encore conscient au moment où il se dit à lui-même : "Combien de mercenaires de mon père ont du pain en surabondance, et moi je suis ici à périr de faim". Il se mesure lui-même à la mesure des biens qu'il a perdus, qu'il ne "possède" plus, tandis que les salariés dans la maison de son père, eux, les "possèdent". Ces paroles expriment surtout son attitude envers les biens matériels. Néammoins, sous la surface des paroles, se cache le drame de la dignité perdue, la conscience du caractère filial gâché.

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